
CELUI DU MILIEU
chanson
Je suis ce noir du nord
Perdu dans les méandres de ses propres souvenirs
Tendant sans cesse vers une faune ancestrale
En quête d'une flore diseuse de bon avenir
Je suis le loir grisâtre d’entre les musaraignes
Le couard qui s’enfuit par ce couloir
Où les muses règnent...
Je suis l’indice qui prouve que les poètes existent encore !
L’un des dix petits sages issu d’un royaume
Où les âmes vivent sans corps,
Un royaume où le métissage est bien plus
Qu’un mixage de pigment,
C’est la culture dans le même champ
De la pistache et du piment
Bien qu’aveuglé par les rayons du soleil
Sur les maigres vagues
Du fleuve où demeure mon sommeil,
Je suis du regard la caravane
Des insectes ouvriers dans le sable vermeil,
Et mon oreille se dresse au son des peaux
Tendues par ce même soleil...
Je suis enfant au pays qui ne l’a jamais vu naître,
Je suis l’enfant. J’obéis à des lois plus nobles qu’un maître.
Je suis ce sauvage éduqué par les livres et les cahiers
Qui rend hommage aux souvenirs provoqués
Par chaque gorgée de lait caillé.
Je tais en moi le plus grand souhait qu’avait Marcus Garvey,
Malgré ma hâte similaire à l’éclosion d’un papillon larvé,
Pour suivre des cailloux de calcaires que j’ai lancés,
Tel un petit poucet,
Sur une terre où les empreintes se calquent
Et les esprits se délestent de la pensée.
Je suis celui qui cadence du talon le sol dur quand il danse,
Au point de communier sans détourner l’axe des derviches en transe.
Je suis celui dont les rites d’antan sont la tendance,
Tant que j’hérite des chants de feu tonton Doudou depuis ma plus tendre enfance
Je suis celui du milieu parce qu’entre deux étendards,
Cette flèche devenue arc parce que le destin est un dard.
Je suis entre deux rives parce que père et fils,
Cette flèche qui rarement dérive car mon repère est fixe.
Je suis un de ceux qui aiment et n’aiment qu’aider
Portant un étendard sans aucun N.O.M. à scander,
Un de ces guerriers au blason teint à l’eau de pluie,
Grand buveur de lait caillé et d’eau du puit.